Interview de Cindy, écrivaine antillaise au Royaume-Uni
Enseignante antillaiseà Londres depuis 5 ans, Cindy-Marie Nelly vient de publier son premier roman : Peaux Echappées. Elle y aborde simultanément les parcours de plusieurs personnagesà des périodes de l€™histoire bien distinctes, notamment l€™esclavage aux Antilles ou encore l€™immigration antillaise en France hexagonale et ses conséquences. Entretien. (Pour rejoindre la communauté des Antillaisà Londres et dans le monde comme Cindy, c'est ici !)
1. Aprà¨s ta scolarité en Guadeloupe, tu pars étudier en France puis tu commencesà enseignerà Paris avant de t€™installerà Londres. Quand est née ta passion pour l€™écriture ?€¨
Le désir d'écrire m'habite depuis toute petite. Au collà¨ge je gribouillais des histoires avec des copines et nous remplissions des cahiers entiers ! Etudianteà la Sorbonne, c€™est devenu mon hobby. Cela me changeait les idées et j€™évacuais la pression des partiels. Pour moi, l'envie d'écrire est étroitement liéeà l'envie de lire. J'ai toujours été une grande dévoreuse de livres et j'écris ce que j'ai envie de lire, principalement ce que je n'ai pas réussià trouver en librairie.
2. Peux-tu nous en dire plus sur ton roman Peaux Echappées ?€¨
Peaux échappées est une histoire de femmes sur plusieurs générations, de l'esclavageà nos jours, de la Guadeloupeà Aubervilliers. C€™est l€™histoire de mà¨res et de filles, ce qu'elles se transmettent et leurs quêtes : la quête du bonheur mais aussi la quête identitaire dans une société en mouvance perpétuelle. Elles ont toutes des figures complexes : fortes et fragiles ou graves et futilesà la fois. Je voulais peindre un portrait de femme qui ne soit pas monochrome et montrer la richesse de l'identité créoleà travers les époques.
3. Pourquoi le thà¨me de la quête d€™identité des antillais en France hexagonale te tient-ilà coeur ?€¨
Je me suis beaucoup inspirée des femmes poto-mitan de mon enfance mais aussi de mon histoire personnelle. La quête identitaire par laquelle passe le personnage de Sarah par exemple, 20 ans et néeà Aubervilliers, illustre le questionnement d'une génération issue de l'immigration antillaise en France dont je fais partie. Je me suis posée les mêmes questions et ai fait face aux mêmes interrogations et je crois pouvoir affirmer qu'il s'agit d'un thà¨me encore et toujours d'actualité : comment s'identifierà une culture qui semble si lointaine ? Comment trouver sa place en tant que jeune femme noire et franàçaise ?
4. Quel a été le déclic pour te lancer dans la rédaction de Peaux Echapées ?
J€™ai laissé l€™écriture de côté aprà¨s avoir obtenu le concours d€™enseignant. La vraie vie commenàçait et je voulais avancer, d'un point de vue professionnel et personnel. Heureusement mon copain de l'époque (qui est maintenant mon époux) me harcelait pour que je reprenne. Il pensait que j'avais du talentà exploiter ! Pendant ma premià¨re grossesse, j'ai consacré une bonne partie de mon congéà la reprise de cette idée. Mon mari m'a beaucoup aidé en "déblayant" les responsabilités familiales et domestiques qui auraient pu me détourner du projet.
5. Entre l€™enseignement et l€™écriture quels ont été tes principaux défis quantà la publication du roman ?€¨
L€™organisation était la clé. J'ai fait régulià¨rement des "retraites littéraires" le week-end dans la campagne anglaise sans wifi ni télé ! Une période intense mais j'en garde de beaux souvenirs. Passé le travail d'écriture, il faut savoir se détacher de ce "bébé" et oser le partager, d€™abord avec les proches puis contacter les maisons d'éditions. Il faut avoir une bonne connaissance du marché et cibler les envois en étant réaliste sur le public visé : les éditeurs ont souvent un genre dans lequel ils excellent et ont du malà en sortir.
6. Comment le public a-t-il accueilli le roman ?
Pour l'instant je n'ai eu que des retours positifs hormis la longueur du roman : apparemment les lecteurs en voudraient plus, ils le finissent trop vite ! Leur enthousiasme me fait vraiment plaisir. Je ne connais pas encore le nombre d€™exemplaires vendus car le roman est sorti en avril. Je ferai le point dans quelques mois avec mon éditeur.
7. Quel pourraitêtre le sujet de ton prochain roman ?€¨
J'aime écrire des choses que j'ai envie de lire. En plus d'être passionnée de culture créole, je suis une grande fan de fantasy, de soft science-fiction et de comics. J'ai quelques idées qui pourraient mêler ces univers...à voir !Rejoindre Caraibexpat et rencontrer les Antillais et Guyanaisà Londres Plus d€™infos sur Peaux Echapées.€¨Crédits photos : Gérald Marie-Nelly. Rédaction : Doris Nol pour Caribexpat.com