Retrouvez les interviews de membres Caribexpats tous les joursà 12h30 en partenariat avec la radio RCI dans l'émission "Les Antillais dans le Monde". Cette semaine c'est Annicette, guadeloupéenneà Mayotte qui nous parle de son parcours ! Elle travaille dans le secteur éducatif.Contactez-nous pour passerà l'émission : team caribexpat.com (remplacer par @)
Partie 1 - Interview d'Anicette guadeloupéenneà Mayotte
J€™avais déjà demandé le département de Mayotte parce qu€™aprà¨s la départementalisation en 2011, il y a eut un fort recrutement de fonctionnaires. J€™avais postulé en 2013, mais malheureusement je n€™ai pas été retenue. Et puis je ne sais pas pourquoi j€™ai été tentéeà nouveau donc j€™ai demandé la Guadeloupe en premier vÅ“u et Mayotte en deuxià¨me vÅ“u. Je voulais quitter Paris parce que l€™ambiance n€™était plus ce qu€™elle était auparavant dans les années 80, avec la vague d€™attentats etc€¦ je cherchais la tranquillité. Ici j€™ai été agréablement surprise dà¨s mon arrivée. D€™autant qu€™il y a une trà¨s forte communauté antillo-guyanaiseà Mayotte. Nous nous retrouvons régulià¨rement, pratiquement chaque week-end. J€™étais agréablement surprise par l€™environnement : c€™est comme si je me retrouvais aux Antilles il y a 40 ans. On ressent quand même un peu de misà¨re mais c€™est une population trà¨s touchante, attachante. Je suis quand même ravie d€™être ici.à€ Mayotte je suis bien, je ne me sens pas perdue. Les paysages et les fruits et légumes que l€™on retrouve aux Antilles. C€™est comme si j€™y étais et je le vis commeàça.
Mayotte est un pays majoritairement musulman. Comment est-ce que vous vous intégrez par rapportà cela ?
Comme disent les agents que j€™encadre, ce sont des musulmans tolérants. Certains boivent de l€™alcool et mangent du porc par exemple. Ce n€™est pas l€™image que nous avons des musulman en France hexagonale. Il n€™y a vraiment pas de barrià¨res, ce n€™est pas un tabou. Je parle régulià¨rement avec des collà¨gues, ils sont ouvertsà tout. Dans la Bible ou même dans le Coran, ce sont les mêmes instructions, les mêmes paroles, sauf que c€™est peutêtre vécu autrement par certains. Les musulmans sont imbriqués dans toutes les administrationsà Mayotte, y compris chez le préfet qui nomme leur chef religieux. Et bien que nous soyons dans une institution laà¯que, mais ce n€™est pas écarté.Çà a fait partie de la vie culturelle de Mayotte. On se dit qu€™on est dans des établissements publiques, laà¯ques,àça choque au départ mais aprà¨s on comprend. Et pendant le ramadan, donc il y a des horaires d€™ouvertures adaptées aux magasins, aux services...on s€™y fait.
Partie 2 - Interview | Anicette guadeloupéenneà Mayotte
J€™ai de trà¨s forts liens avec la Guadeloupe parce que j€™ai une vie associative et politique forte puisque j€™ai été sur liste électorale en 2003 et 2014. J€™y étais en décembre-janvier dernier, parce que nous avons un mois de vacancesà Mayotte, et en juillet-aoà»t. Ma Guadeloupe est dans mon cÅ“ur, dans tout monêtre. Dà¨s que j€™aurai l€™occasion d€™y retourner, j€™y retournerai. Je viens de faire l€™ouverture d€™un collà¨geà Mayotte. J€™ai mis en place des choses avec les équipes éducatives ou administratives, techniques. Donc je souhaite asseoir tout ce que j€™ai commencéà mettre en place avec eux et je reste encore une année, ensuite je retenterai de rentrer en Guadeloupe. Les places sont chà¨res dans mon domaine. Et même si je n€™ai pas la chance d€™avoir ma mutation en Guadeloupe,àça ne me dérange aucunement de resterà Mayotte jusqu€™à la retraite.
A quoi est dà» votre désir de vous déplacer ?
Je me dis que je vais là oùDieu me pousse. Et chaque fois que je suis quelque part, je m€™adapte trà¨s facilement me dit-on et je me sens bien. J€™aime communiquer et aller vers l€™autre.
Au delà de Mayotte, est-ce qu€™il y aurait eut, un autre territoire qui vous aurait attiré ?
Je parlais avec un collà¨gue qui vient de la Nouvelle Calédonie, je lui ai dis pourquoi pas. En fait, quand j€™ai quitté la Guadeloupe, j€™avais demandé la Guyane et la Réunion en premiers vÅ“ux que je n€™ai pas obtenus. J€™avais demandé l€™académie de Lyon que j€™ai eu en 3à¨me vÅ“u. Donc j€™avais déjà ce désir d€™aller vers un autre territoire, de préférence antillo-guyanais mais je n€™ai pas pu. Je suis restée dans l€™hexagone pendant six ans. Dà¨s que l€™occasion s€˜est présentée je suis partie.
Vous parlez de la misà¨reà Mayotte,àça doit choquer un peu. Vous vousêtes €œhabituée€à àça ou pas ?
Oui et non. Oui, je dis que s€™il y avait plus de solidaritéà Mayotte, les choses seraient autrement. Je rencontre trop de personnes qui font du stop, parfois des familles avec des enfants sur le bras. J€™ai disà un jeune homme €œàça ne te plairait pas si tu vois une belle jeune fille au bord de la route ?€. Il m€™a dit €œnon, parce qu€™aprà¨s elle peut dire que j€™ai tenté de la violer même si c€™est faux !€. Aprà¨s, il m€™arrive quand même de m€™arrêter pour prendre des gens en stop, mais on me dit de faire trà¨s attention, de ne pas circuler le soir par rapport aux coupures de route. Je me dis il y a des dangers partout et aux Antilles aussi, donc il ne faut pas se laisser arrêter par cela. Et la misà¨re c€™est par rapport auxîles environnantes, d€™oùles gens viennent en clandestins. Les parents sont rapatriés chez eux alors que les enfants restent vivre dans la mangrove. Ils viennentà l€™école pour dormir parce qu€™ils n€™ont pas dormi ils ont survécu dans la mangrove pendant la nuit. On les voit au bord de la routeà mendier. Un enseignant m€™a dit qu€™il emmà¨ne des paquets de biscuits, des gteaux, des compotes qu€™il leur donne pendant son cours. J€™ai fait un stock de victuailles aussi et j€™ai dit aux professeurs de m€™amener les enfants qui sont dans ce cas.Çà a c€™est bien passé l€™année dernià¨re. Certains professeurs m€™ont amené des enfants qui dormaientà même le sol arrivés en cours pour se reposer. C€™est trà¨s dur au départ. Je prie pour queàça puisse changer, pour qu€™ils aient des lendemains meilleurs et c€™est pouràça que je mets toutà disposition. Si c€™est pour les élà¨ves, je n€™hésite pasà apporter ma contribution età faire en sorte que tout aille bien, qu€™ils connaissent autre chose que ce qu€™ils vivent au quotidien.
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