Retrouvez les interviews de Caribexpats tous les joursà 12h30 en partenariat avec la radio RCI dans l'émission "Les Antillais dans le Monde". Aujourd'hui, l'interview de Béatrice, martiniquaiseà New-York !Pour passerà l'émission contactez-nous : team caribexpat.com (remplacer par @)
Partie 1 - Interview de Béatrice martiniquaiseà New-York
Bonjour Béatrice, on vous appelleà New York, vous yêtes installée depuis combien de temps ?
Depuis le 28 Aoà»t 2003, quand j€™ai eu mon visa la date était dessus, c€™est aussi la date du contrat de travail donc c€™est une date qui reste gravée dans ma mémoire comme la date de naissance.
Pourquoiêtes-vous partie auxà‰tats-Unis ?
J€™avais du malà trouver du travail. J€™avais quitté la Martinique en 2000, je me suis installéeà Lognes justeà côté de Marne la Vallée et j€™avais du malà trouver du travail. Un ami est venuà New York aprà¨s les attentats du 11 septembre, il a rencontré une martiniquaiseà New York qui travaillait aux Nations Unies et qui étaità la recherche de Franàçais donc il a ramené toutes les informations et il m€™a dit : « Tiens, essaye de voir siàça t€™intéresse ! ». Et comme je recherchais du travail, je me suis inscrite au concours et puis,àça a marché et je suis partie.
Vous travaillez aujourd€™hui aux Nations Unies ?
Oui, j€™étais partie pour un contrat de deux ans et c€™est devenu un contrat permanent.
Vousêtes désormais New-yorkaise ?
Non, je suis Lamentinoise pure souche ! Ma fille est néeà New York. Elle est New Yorkaise mais j€™ai un visa diplomatique donc je suis toujours Franàçaise. 14 ans aprà¨s, les Nations Unies peuvent aider leurs employésà acquérir la nationalité s€™ils le veulent. Mais je préfà¨re rester Franàçaise.
On vous entend parler le Franàçais avec facilité ! Est-ce queàça vous arrive aprà¨s 14 ans de vieà New-York de chercher vos mots ?
Totalement. Je me souviens d€™une époque oùon se moquait beaucoup de Jean-Claude Van Damme quià chaque fois qu€™il donnait une interview en Franàçais n€™arrivait pasà trouver ses mots. C€™est exactementàça ! L€™Anglais a cette facilité, c€™est une langue trà¨s directe. Effectivement, en fin de journée ou lorsqu€™on est trà¨s énervé ou irrité ou dans une grande émotion, c€™est plus facile de dire les choses sans détour et l€™Anglais vient plus rapidement.
Lorsque vousêtes arrivée auà‰tats-Unis il y a 14 ans, est-ce que c€™était un rêve ?
Je vais décevoir sà»rement beaucoup de personnes mais je n€™ai jamais rêvé de venir m€™installer aux Etats-Unis ni de travailler ici. C€™était un concours de circonstances etàça a fonctionné et j€™y suis restée. Mais les choses se sont faites trà¨s rapidement : j€™ai passé l€™examen, j€™ai réussi, j€™ai eu de bons résultats qui m€™ont placé en tête de liste, j€™ai réussi l€™entretien et on m€™a dit : €œvous reviendrai dans deux ans, quand quelqu€™un partiraà la retraite, parce qu€™il n€™y a pas de places disponibles pour le moment€. C€™était le Jeudi. Ils m€™ont rappelé le Lundi parce que quelqu€™un était mort durant le week-end, paixà sonme. Et la place était libre. Ils me demandaient de venir en une semaine ce qui n€™était pas du tout possible donc j€™ai négocié un mois et demi pour faire mes valises, arranger ma vie et partir. En un mois et demi, vous n€™avez pas vraiment le temps de vous dire €œje vais partir, je vais vivre là €, il faut plutôt régler les problà¨mes administratifs, trouver un logement et faire vos valises. En fait je pense que c€™est quand l€™avion a atterri que j€™ai réalisé que: "Oups ! Je n€™ai plus rien en France hexagonale donc siàça ne marche pas ici je reviens chez mes parents maisàça vaêtre dur".
Partie 2 - Interview de Béatrice martiniquaiseà New-York
Vous avez donc vécu l€™arrivée d€™ Obama, le premier président noir et celle de Trump. Est-ce queàça a changé quelque chose pour vous ?
Oui bien sà»r. En travaillant aux Nations Unies dans une ville comme New York, oùil y a des gens de toutes les nationalités, mais on a aussi l€™impression qu€™il y a beaucoup de personnes qui ne se mélangent pas. Quand on est originaire de la Martinique et qu€™on a toujours vu beaucoup de mélanges, puis qu€™on arriveà New York, la différence est brutale. Tout le monde reste dans sa communauté et les quartiers sont toujours par nationalité, par couleur de peau, et pour moi,àça c€™est un gros choc etàça ne s€™améliore pas en ce moment.
Mais vous avez quand même fait votre vieà New York !
Oui, les années passent vite. On ne s€™en rend pas compte et puis j€™ai un travail extrêmement prenant donc je suis arrivée et j€™ai tout euà apprendre: un nouveau travail, un nouveau monde€¦. J€™ai tout découvert, j€™ai dà» tout refaire, des amis, savoir ou aller faire mes courses enfin tout etàça prend beaucoup de temps. Puis finalement quand ma fille est arrivée, c€™est la découverte administrative d€™un autre monde. Elle a cinq ans, elle est née en 2012à Manhattan. Nous, vivonsà Brooklyn parce que Manhattan c€™est vraiment ce qu€™on voità la télé: le bruit, la vie 24h sur 24h, l€™absence de verdureà part Central Park donc avec un bébé non ! Brooklyn est beaucoup plus calme, plus accueillant, plus attractif pour les familles.
Est- ce qu' aujourd€™hui New-York reste quand même une ville de rêve ? Vous considérez que c€™est encore une ville oùtout est possible ?
Oui sans conteste, je continueà voir de nombreuses personnes qui arrivent parce que je travaille dans un service francophone donc je vois beaucoup de Franàçais et d€™Européens arrivant avec des étoiles dans les yeux et voyant toujours New York comme une ville de rêve. C€™est une ville de rêve, il y a de merveilleux cotésà New York. Aprà¨s, il y a d€™autres réalités qui sont beaucoup plus dures comme depuis cinq ans, je trouve qu€™on a beaucoup plus de sans abris, de personnes qui mendient dans les rues. Il n€™y en avait pas autant quand je suis arrivée en 2003 !
Dernià¨re chose Béatrice, qu€™est- ce que vous regrettez de la Martinique ?
Le pain au beurre chocolat et les mandarines ! Oui, ma famille aussi mais d€™abord les mandarines le punch au coco et le pain au beurre chocolat. A bon entendeur salut puisqu€™il y a beaucoup de Martiniquais qui viennent en visiteà New York quotidiennement. En tant qu€™ expatriée, l€™étape la plus difficile c€™est la famille.
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