Interview | Béatrice martiniquaiseà New-York
- Team Caribexpat
- 8 juil. 2018
- 4 min de lecture
Retrouvez les interviews de Caribexpats tous les joursà 12h30 en partenariat avec la radio RCI dans l'émission "Les Antillais dans le Monde". Aujourd'hui, l'interview de Béatrice, martiniquaiseà New-York !Pour passerà l'émission contactez-nous : team caribexpat.com (remplacer par @)
Partie 1 - Interview de Béatrice martiniquaiseà New-York
Bonjour Béatrice, on vous appelleà New York, vous yêtes installée depuis combien de temps ?
Depuis le 28 Aoà»t 2003, quand j€™ai eu mon visa la date était dessus, c€™est aussi la date du contrat de travail donc c€™est une date qui reste gravée dans ma mémoire comme la date de naissance.
Pourquoiêtes-vous partie auxà‰tats-Unis ?
J€™avais du malà trouver du travail. J€™avais quitté la Martinique en 2000, je me suis installéeà Lognes justeà côté de Marne la Vallée et j€™avais du malà trouver du travail. Un ami est venuà New York aprà¨s les attentats du 11 septembre, il a rencontré une martiniquaiseà New York qui travaillait aux Nations Unies et qui étaità la recherche de Franàçais donc il a ramené toutes les informations et il m€™a dit : « Tiens, essaye de voir siàça t€™intéresse ! ». Et comme je recherchais du travail, je me suis inscrite au concours et puis,àça a marché et je suis partie.
Vous travaillez aujourd€™hui aux Nations Unies ?
Oui, j€™étais partie pour un contrat de deux ans et c€™est devenu un contrat permanent.
Vousêtes désormais New-yorkaise ?
Non, je suis Lamentinoise pure souche ! Ma fille est néeà New York. Elle est New Yorkaise mais j€™ai un visa diplomatique donc je suis toujours Franàçaise. 14 ans aprà¨s, les Nations Unies peuvent aider leurs employésà acquérir la nationalité s€™ils le veulent. Mais je préfà¨re rester Franàçaise.
On vous entend parler le Franàçais avec facilité ! Est-ce queàça vous arrive aprà¨s 14 ans de vieà New-York de chercher vos mots ?
Totalement. Je me souviens d€™une époque oùon se moquait beaucoup de Jean-Claude Van Damme quià chaque fois qu€™il donnait une interview en Franàçais n€™arrivait pasà trouver ses mots. C€™est exactementàça ! L€™Anglais a cette facilité, c€™est une langue trà¨s directe. Effectivement, en fin de journée ou lorsqu€™on est trà¨s énervé ou irrité ou dans une grande émotion, c€™est plus facile de dire les choses sans détour et l€™Anglais vient plus rapidement.
Lorsque vousêtes arrivée auà‰tats-Unis il y a 14 ans, est-ce que c€™était un rêve ?
Je vais décevoir sà»rement beaucoup de personnes mais je n€™ai jamais rêvé de venir m€™installer aux Etats-Unis ni de travailler ici. C€™était un concours de circonstances etàça a fonctionné et j€™y suis restée. Mais les choses se sont faites trà¨s rapidement : j€™ai passé l€™examen, j€™ai réussi, j€™ai eu de bons résultats qui m€™ont placé en tête de liste, j€™ai réussi l€™entretien et on m€™a dit : €œvous reviendrai dans deux ans, quand quelqu€™un partiraà la retraite, parce qu€™il n€™y a pas de places disponibles pour le moment€. C€™était le Jeudi. Ils m€™ont rappelé le Lundi parce que quelqu€™un était mort durant le week-end, paixà sonme. Et la place était libre. Ils me demandaient de venir en une semaine ce qui n€™était pas du tout possible donc j€™ai négocié un mois et demi pour faire mes valises, arranger ma vie et partir. En un mois et demi, vous n€™avez pas vraiment le temps de vous dire €œje vais partir, je vais vivre là €, il faut plutôt régler les problà¨mes administratifs, trouver un logement et faire vos valises. En fait je pense que c€™est quand l€™avion a atterri que j€™ai réalisé que: "Oups ! Je n€™ai plus rien en France hexagonale donc siàça ne marche pas ici je reviens chez mes parents maisàça vaêtre dur".
Partie 2 - Interview de Béatrice martiniquaiseà New-York
Vous avez donc vécu l€™arrivée d€™ Obama, le premier président noir et celle de Trump. Est-ce queàça a changé quelque chose pour vous ?
Oui bien sà»r. En travaillant aux Nations Unies dans une ville comme New York, oùil y a des gens de toutes les nationalités, mais on a aussi l€™impression qu€™il y a beaucoup de personnes qui ne se mélangent pas. Quand on est originaire de la Martinique et qu€™on a toujours vu beaucoup de mélanges, puis qu€™on arriveà New York, la différence est brutale. Tout le monde reste dans sa communauté et les quartiers sont toujours par nationalité, par couleur de peau, et pour moi,àça c€™est un gros choc etàça ne s€™améliore pas en ce moment.
Mais vous avez quand même fait votre vieà New York !
Oui, les années passent vite. On ne s€™en rend pas compte et puis j€™ai un travail extrêmement prenant donc je suis arrivée et j€™ai tout euà apprendre: un nouveau travail, un nouveau monde€¦. J€™ai tout découvert, j€™ai dà» tout refaire, des amis, savoir ou aller faire mes courses enfin tout etàça prend beaucoup de temps. Puis finalement quand ma fille est arrivée, c€™est la découverte administrative d€™un autre monde. Elle a cinq ans, elle est née en 2012à Manhattan. Nous, vivonsà Brooklyn parce que Manhattan c€™est vraiment ce qu€™on voità la télé: le bruit, la vie 24h sur 24h, l€™absence de verdureà part Central Park donc avec un bébé non ! Brooklyn est beaucoup plus calme, plus accueillant, plus attractif pour les familles.
Est- ce qu' aujourd€™hui New-York reste quand même une ville de rêve ? Vous considérez que c€™est encore une ville oùtout est possible ?
Oui sans conteste, je continueà voir de nombreuses personnes qui arrivent parce que je travaille dans un service francophone donc je vois beaucoup de Franàçais et d€™Européens arrivant avec des étoiles dans les yeux et voyant toujours New York comme une ville de rêve. C€™est une ville de rêve, il y a de merveilleux cotésà New York. Aprà¨s, il y a d€™autres réalités qui sont beaucoup plus dures comme depuis cinq ans, je trouve qu€™on a beaucoup plus de sans abris, de personnes qui mendient dans les rues. Il n€™y en avait pas autant quand je suis arrivée en 2003 !
Dernià¨re chose Béatrice, qu€™est- ce que vous regrettez de la Martinique ?
Le pain au beurre chocolat et les mandarines ! Oui, ma famille aussi mais d€™abord les mandarines le punch au coco et le pain au beurre chocolat. A bon entendeur salut puisqu€™il y a beaucoup de Martiniquais qui viennent en visiteà New York quotidiennement. En tant qu€™ expatriée, l€™étape la plus difficile c€™est la famille.