Les Caribexpats sont interviewés tous les joursà 12h30 en partenariat avec la radio RCI dans l'émission "Les Antillais dans le Monde". Elodie guadeloupéenneà Londres vous parle de son parcours. D'abord partie en contrat de Volontariat International en Entreprise (V.I.E), elle vit dans la City depuis 2011 ! Envoyez nous un e-mail pour passer dans l'émission : team caribexpat.com (remplacer par @)
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Partie 1 €“ Interview d€™à‰lodie guadeloupéenneà Londres
Bonsoirà‰lodie ! Vous venez de la Guadeloupe. Racontez-nous comment vousêtes arrivéeà Londres ?
Je suis partie aprà¨s mon bacà 17 ans. J€™ai quitté Pointe-à -Pitre pour Paris oùj€™ai commencé mes études. J€™ai fait une prépa en HEC puis j€™ai intégré l€™Université Paris-Dauphine et je suis restée cinq ans. Pendant mes études, j€™ai d€™abord fait une annéeà Madrid oùj€™ai étudié et fait des petits boulots étudiants. C€™était une superbe expérience et cela m€™a vraiment donné envie de continuerà explorer l€™international. Je suis revenueà Paris pour finir mes études puis j€™ai eu une opportunité avec Veolia qui est une grande entreprise franàçaise. On m€™a proposé un V.I.Eà Londres. C€™est un Volontariat International en Entreprise, C€™est une opportunité pour les jeunes de travailler en entrepriseà l€™international. C€™est un peu particulier, on est payé par l€™à‰tat mais on est dans une entreprise franàçaise.
Quel était votre diplôme au départ ? Vous travailliez dans quel domaine ?
J€™avais fait,à Paris-Dauphine, une licence généraliste de gestion. Ensuite, je me suis spécialisée en ressources humaines durant les 2 dernià¨res années en Master et la dernià¨re année était en ressources humaines internationales. J€™avais cette ouvertureà travers mes stages et mes deux dernià¨res années étaient en apprentissage. J€™étais en entreprise pratiquement trois jours par semaine et deux joursà l€™Université. J€™ai commencé trà¨s tôtà être en entreprise et dà¨s ma dernià¨re année de Master, j€™ai voulu travailler vers l€™international bien que toujours baséeà Paris. J€™avais des missions, je travaillais avec l€™Angleterre, l€™Italie, je travaillais chez EDF pour ma dernià¨re année d€™apprentissage. Ensuite, il y a eut cette expérience avec Veolia oùje me suis dit « bon ben on y va » et puis Londres, ce n€™était pas trà¨s loin. J€™ai gardé un pied en Europe, j€™avais l€™Eurostar et en 2h30 on y était. A l€™époque, mon amoureux étaità Paris, donc je faisais des allers-retours toutes les deux semaines.
C€™était une faàçon de partir mais avec la possibilité de garder le contact avec les proches, de ne pasêtre totalement dépaysée ?
Voilà , avec Londres, cela a été plutôt, je ne dirai pas le coup de foudre mais c€™est une grande ville, une grande capitale européenne et on a une diversité incroyable. Londres a une tolérance et j€™ai vraiment accroché de ce point de vue là . Vous arrivezà Londres et on ne vous fait pas comprendre que ne parlez pas forcément trà¨s bien ou que vous avez l€™accent franàçais. Tout le monde vient un peu de tous les pays. Vous trouverez rarement des gens dans les magasins ou les taxis qui sont de vrais Britanniques. C€™est une ville tellement cosmopolite, il y a une richesse. J€™ai vraiment accroché et je me suis sentie un peu chez moi puisqu€™aux Antilles, on a aussi toutes les origines, toutes les cultures.
Partie 2 €“ Interview d€™à‰lodie guadeloupéenneà Londres
On a l€™impression au fil de ces émissions des Antillais dans le Monde que c€™est le duo gagnant : apprentissage et V.I.E, ce sont les deux clés pour réussir un premier départà l€™étranger ?
Oui. Je suis une fervente avocate de l€™apprentissage. On est trà¨s vite plongé dans le milieu professionnel, cela nous aide énormément dans les études. On comprend bien comment cela marche, comment fonctionner avec les collà¨gues, comment monter dans la hiérarchie. Ensuite le V.I.E c€™est la porteà l€™international. Si tu veux partir et si ce n€™est pas évident, on ne sait pas forcément oùaller, dans certains pays il faut les visas. Le fait de partirà l€™aventure et se dire, bon je vais essayer de trouver quelque chose sur place, ce n€™est pas évident. Avec le V.I.E, on a quand même un cadre, on sait qu€™on a un poste, on va retrouver une entreprise, des collà¨gues. J€™ai été accueillie chez Veolia par d€™anciens V.I.E, qui étaient restés en tant que salariés là -bas. Ils sont passés par-là , ils ont pu partager leurs expériences. On part dans une entreprise franàçaise donc on est pratiquement sà»r de trouver au moins un ou deux collà¨gues franàçais. On garde quand même cette attache avec notre pays d€™origine. Je pense que cela aideà l€™intégration dans le nouveau pays.
Au départ, dans les ressources humaines, on ne pense pas forcémentà l€™international, on peut penser que c€™est plus compliqué d€™exercer cette spécialitéà l€™étranger ?
Exactement ! La plupart des personnes qui font des ressources humaines, au début, pensent bien surà la France. Mais maintenant, les entreprises sont internationales et elles opà¨rent au niveau mondial. En tant que RH, on a vain de comprendre ces dynamiques. Ce sera toujours un plus en tant que RH d€™avoir les langues et le multiculturel. Je viens de changer de poste mais l€™année dernià¨re, j€™étais baséeà Londres et je m€™occupais d€™équipes baséesà Londres mais de fait, mon entreprise étant mondiale, j€™étais en contact avec mes collà¨gues au Mexique, en Malaisie , auxà‰mirats. Mon background international interculturel me permettait de créer des relations clés avec mes collà¨gues et de comprendre les différences. La faàçon d€™approcher la Malaisie n€™est pas la même que le Mexique. Il y a certains codes. Je pense qu€™on peut vous l€™apprendre mais c€™està vous de développer cette capacité d€™adaptation et c€™està travers l€™expérience. Le fait d€™être partie dans différents pays, d€™avoir rencontré des gens de différentes origines, c€™est cela aussi qui nous forme.
Partie 3 €“ Interview d€™à‰lodie guadeloupéenneà Londres
Vous avez changé d€™emploi plusieurs fois ?
Oui, aprà¨s le V.I.E avec Veolia, je suis passée en contrat local en terme technique. Donc, j€™ai intégré une entreprise baséeà Londres. C€™est une entreprise internationale parce que c€™est une entreprise qui travaille dans le pétrole. J€™y suis restée cinq ans, ce qui est assez rare.
C€™est long pour Londres ?
Oui, c€™est assez long mais j€™ai changé de postesà peu prà¨s tous les ans dans cette même boite. J€™ai toujours regardé cet aspect international en ressources humaines. Je travaillais avec la Malaisie, le Mexique, les Emirats, les Etats-Unis. Récemment, j€™ai intégré une ONG dans un secteur complà¨tement différent et je suis le responsable RH pour l€™Europe. Je travaille plus avec les Etats-Unis, oùest mon équipe, mais sinon, j€™aide les équipesà Londres,à Paris,à Berlin età Bruxelles.
C€™est vous qui avez choisi de changer ?
Oui. 5 ans c€™est longà Londres. J€™avais envie de changer de secteur, de faire quelque chose qui me passionnait un peu plus. C€™est une ONG qui n€™est pas connue du grand public mais qui fait des actions formidables de sensibilisation, de lobbying de nos politiques et de nos institutions. Elle essaye de faire bouger les choses auprà¨s des puissants, en quelque sorte, sur l€™éducation des filles. C€™est un sujet qui me passionne donc j€™ai sauté sur l€™occasion et c€™était une opportunité en or.
Comment on trouve un emploi comme celaà Londres ? Ce sont des chasseurs de tête qui viennent vous le proposer, vous regardez les annonces ou ce sont les réseaux ?
Les deux ! On est pas mal chassé notamment avec LinkedIn oùles recruteurs vous contactent directement. Mais il faut rester aussi au courant de ce qui se passe, regarder sur les réseaux, essayer de se créer les bonnes sources. J€™ai quand même pris un risque, j€™ai quitté mon boulot sans avoir de poste. J€™avais trois mois de préavis et je me suis donnée trois mois. Ce n€™était pas la meilleure période car c€™était la fin de l€™année et pourtant le marché du travailà Londres est super dynamique. Quand vous avez le bon profil vous trouvez facilement. En plus les Franàçais ont des diplômes et des profils qui sont appréciés puisqu€™on a été formé d€™une certaine manià¨re, on a une manià¨re de travailler et de raisonner qui fonctionne bien.
Cela parait vraiment trà¨s loin du marché de l€™emploi aux Antilles et même en France ?
Ah oui ! Je peux compter un certain nombre de mes amis qui se sont retrouvés sur le marché du travail en France aprà¨s la crise, donc 2008à 2010. C€™était lent, vous envoyez 30, 40 et 50 CV et pas de réponse. Ils ont sauté le pas et sont venusà Londres. Aprà¨s 2à 3 mois, ils avaient trouvé sans problà¨me. En tous cas, ils avaient des réponses. Vous avez des entretiens, vous n€™allez pas forcément trouver un boulot tout de suite mais au moins on sent qu€™il y a ce dynamisme. Je pense que ce dynamisme revient un petit peu en France. Mais ma génération a été diplômée en pleine crise et c€™était difficile.
Partie 4 - Interview d€™à‰lodie guadeloupéenneà Londres
Londres, vous le disiez, c€™est quand même une ville extraordinairement cosmopolite. On dit cela de New York €œtout est possible€, mais Londres aussi ?
C€™est cela, tout est possible ! Vous rencontrez le taximan, le livreur, le serveur, les vendeurs dans les magasins, les gens dans les entreprises. C€™est vrai qu€™ils vous disent que tout est possible. On voit des profils tellement variés qui touchentà tout. Il y a bien sà»r des côtés négatifs, la vie est chà¨re, le logement et le transport sont chers également donc il faut se débrouiller. Il faut parfois jongler avec 2à 3 boulots pour s€™en sortir pour certains mais c€™est vrai qu€™il y a les opportunités de le faire.
Qu€™est-ce-qui rend cela possibleà Londres ? C€™est la souplesse du systà¨me ? Le fait que tout le monde ose ou que les cases sont moins définies qu€™en France ?
C€™est cela, les cases sont moins définies et c€™est la souplesse du systà¨me. Monter une entreprise, cela prend deux jours et cela se fait en ligne, comparéà la France oùil y a la paperasse, il faut y aller en personne. Tout est simplifiéà ce niveau. Ensuite, il y a aussi cette culture oùon ose, on va y aller, se lancer. Je pense que cela fait un moment déjà qu€™il y a cette culture d€™y aller. Alors, est-ce la culture anglo-saxonne ? Est-ce que c€™est l€™idée qu€™en faità Londres il y a énormément d€™immigration et que les gens viennent avec cet espoir d€™y arriver ? Du coup, ils y vont et tant qu€™ils n€™ont pas de barrià¨res, ils essaient et ils réussissent.
Est-ce qu€™on rencontre des gens facilement hors du travail ? On se metà discuter et cela donne des opportunités qu€™on n€™aurait pas eu autrement ?
C€™est cela ! il y a cette ouverture. Aprà¨s, de mon expérience avec les Anglais, on va moins les uns chez les autres, on va se rencontrerà l€™extérieur, au pub, dans le bar du coin. Maisàça n€™ira pas plus loin que cela. C€™est vrai qu€™il y a cette limite dans le lien social mais aprà¨s il y a tellement plus derrià¨re. On apprend tellement de toutes ces cultures et c€™est fascinant. J€™adore ! On peut parler du Brexit pendant des heures et cela a été un grand choc pour les Londoniens. Mais c€™est vrai que devant tous ces gens de différents pays qui osent, cela fait du bien. Cela donne envie d€™y aller aussi.
Partie 5 €“ Interview d€™à‰lodie guadeloupéenneà Londres
Il y a quelques mois c€™était ce fameux Brexit...comme une espà¨ce d€™alarme pour dire que le modà¨le n€™était pas si parfait ?
C€™était cela ! Cela a été un gros choc pour Londres qui a voté contreà plus de la majorité. Mais l€™Angleterre ce n€™est pas Londres. Je crois que l€™à‰cosse et le reste de la Grande-Bretagne ont voté contre. Aprà¨s, on a le contexte de tous les pays d€™Europe qui a failli toucher aussi la France. Je pense que les Britanniques remettent en question le modà¨le. Ce qui m€™a étonné c€™est non seulement les Britanniques, mais aussi les Britanniques originaires de pays du Commonwealth ou de certains pays d€™Afrique. C€™est vrai que c€™est la remise en question de tout le modà¨le d€™immigration et c€™est dommage qu€™on oubli pourquoi on a créé l€™Europe au début. C€™est triste et je pense que l€™Europe se remet en question. Mais là , pour yêtre d€™un point de vue professionnel et se poser toutes les questions du point de vue RH, toutes les conséquences...il n€™y a qu€™un seul mot c€™est la « merde » ! Je pense qu€™ils ne savent pas du tout ce qu€™ils font et on ne sait pas du tout oùon va donc c€™est un peu la panique. On ne sent pas du tout que le gouvernement a une direction claire et c€™est ce que cela va donner aprà¨s ce Brexit.
Vous envisagez éventuellement de quitter Londres pour rejoindre une autre capitale ou un autre pays ?
Pasà cause du Brexit, non. Aprà¨s on s€™est posé des questions. Il y a pas mal de Franàçais qui ont, pris la nationalité, puisqu€™on peut l€™avoir aprà¨s cinq ans, donc : pourêtre sur de rester aprà¨s ce Brexit. Moi, je pense que cela ira. Aprà¨s, cela fait déjà 7 ans que je suis ici. Pourquoi pas aller ailleurs oùil fait meilleur parce qu€™on a pas parler du temps mais il pleut quand même ! Il fait gris, en hiver les journées sont trà¨s courtes. Peut-être oui, pour aller quelque part de plus chaud et avec un meilleur climat et peutêtre plus prà¨s de la famille. Mais sinon, pas en conséquence du Brexit.
Vous avez gardé toute la fluidité du Franàçais, c€™est parce que vousêtes amenéà parler Franàçais régulià¨rement ?
Je ne parle pas forcément Franàçais, évidemment les mots arrivent plutôt en anglais. Aprà¨s,à la maison, je parle franàçais mais au travail c€™est l€™anglais toute la journée. Cela fait du bien de faire un petit peu de Franàçais le soir. J€™essaye de continuerà lire en franàçais mais les films non, surtout pas. Je regarde les films en VO.
C€™était vraiment trà¨s sympa de vous avoir eu toute la semaineà Londres. Si vous changez de destination pour rejoindre des contrées plus ensoleillées, j€™espà¨re qu€™on vous retrouvera prochainement ?
Ben oui ! Merci et je trouve que c€™est une superbe opportunité et une superbe initiative.
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