Retrouvez les interviews de membres Caribexpats tous les joursà 12h30 en partenariat avec la radio RCI dans l'émission "Les Antillais dans le Monde". Jerry, martiniquaisà Bristol au Royaume-Uni partage son expérience d' entrepeneur. Il a créé sa marque de vêtements "True Soldier".Pour passerà l'émission contactez-nous : team caribexpat.com (remplacer par @)
Partie 1 - Interview de Jerry martiniquaisà Bristol (Royaume-Uni)
Jerry c€™est vrai que vousêtes né en France hexagonale mais vous arrivé en Martinique étant enfant ?
Oui, j€™étais au collà¨ge La Meynard pour deux classes seulement, 4à¨me et début de 3à¨me. L€™école ce n€™est pas vraiment pour moi. Je n€™arrive pasà rester assis et concentréà écouter les cours.Çà a ne veut pas dire que je suis un cancre, je suis passionné d€™histoire. Le cours que tout le monde déteste c€™est ma passion mais je ne pouvais pas rester assis et écouter les cours. J€™avais envie de travailler, d€™accomplir des choses.
Cette difficultéà vous concentrer, c€™est quelque chose qu€™on avait détecté chez vous plus jeune déjà ?
Ouiàça a toujours été le cas. De la maternelle, jusqu€™à ce que je parte, je n€™arrivais pas du toutà me concentrer. Il fallait que je m€™amuse ou que je m€™occupe l€™esprit.
Qu€™est-ce qu€™on vous a conseillé alorsà ce moment dans votre entourage, vos parents et les enseignants ?
Je vivais avec mon oncle et ma grand-mà¨re. Et étant donné que nous avions une entreprise familiale, j€™ai commencéà participerà l€™entreprise familiale.
Vous avez choisi de travailler vite. A quel moment vous vous dites qu€™il faut partir ?
J€™avais 17 ans et je voulais étudier, devenir barman. Je suis devenu barman pendant presque 10 ansà Paris, mais j€™ai toujours eu ce rêve de lancer ma propre marque de vêtements. C€™est comme beaucoup de gens, on pense que c€™est juste un rêve, on n€™ose pas trop le faire. Et puis on en a marre de juste rêver et on essaie de se lancer. Je me suis lancé une premià¨re fois en 2008,àça a échoué en 2010. Il m€™a fallu 5 ans aprà¨s pour pouvoir retourner sur ce projet et relancé True Soldier.
C€™était quel type de vêtements ?
Des vêtements urbains : tee-shirts, pantalons, survêtements, casquettes, les vêtements classiques qu€™on porte tous les jours. Le True Soldier signifie évidemment Vrai Soldat, maisàça n€™a rienà voir avec l€™armée ou quoi que ce soit de violent. C€™est une expression anglophone qui signifie « je suis brave » ou « je suis vaillant ». Par exemple, un étudiant qui fait un petit boulotà côté pour payer ses études et qui travaille dur pendant 5à 10 ans et quià la fin obtient son diplôme, c€™est un True Soldier. Quelqu€™un qui quitte l€™école, qui travaille dur pour pouvoir s€™occuper de sa famille, de sa femme, de ses enfants, c€™est un True Soldier. Ce ne sont que deux exemples parmi des millions d€™autres.
Puis vous décidez quand même de partir ?
Oui, pour aller en Angleterre. Je ne me plaisais pas en France hexagonale. Pourêtre honnête, je ne me suis jamais senti chez moi en France hexagonale. Je suis né là -bas maisàça n€™a jamais été ma maison. Et Bristol en Angleterre est déjà un peu plus agréableà vivre.
Qu€™est-ce qui vous a amené là ?
J€™ai eu la chance d€™avoir une cousine qui vivaità Bristol cette époque-là , qui m€™a proposé de venir voir. Mon but c€™était d€™aller auxà‰tats Unis, mais c€™est presque impossible d€™avoir un visa et en cas d€™irrégularité on peut avoir des problà¨mes avec la justice. Donc je me suis dit que j€™essaierai plutôt l€™Angleterre afin d€™apprendre l€™anglais et peutêtre que de là je trouverai une solution.
Vous arrivez dans cette ville de Bristol et qu€™est-ce qui se passeà ce moment-là ?
Cela n€™a pas été facile. D€™abord, je parlais un tout petit peu l€™anglais grce aux séries télés et aux films américains alors que ce n€™est pas du tout le même accent qu€™en Angleterre et surtout pasà Bristol. J€™ai dà» en quelque sorte réapprendre l€™anglais pour pouvoir comprendre ce qu€™on me disait et essayer de prononcer les mots de manià¨re compréhensible pour eux. Au début, j€™ai eu des petits boulots, j€™étais même sous payé : 3 pounds de l€™heure, ce qui fait 4 euros. Mais je me suis accroché, j€™ai persévéré et j€™ai réussià relancer ma marque petità petit.
Et comment fait-on dans un nouveau pays oùl€™on ne maîtrise pas forcément a langue...pour avoir les bons contacts, les bonnes adresses ?
Il faut sortir et discuter. En Angleterre, les gens sont plus aptesà communiquer. C€™est plus facile de rencontrer quelqu€™un, discuter et d€™avoir quelqu€™un qui nous fait rencontrer les bonnes personnes en fait.
Partie 2 - Interview de Jerry martiniquaisà Bristol (Royaume-Uni)
Un an aprà¨sêtre arrivé en Angleterre, je me suis retrouvéà faire de la radio bénévolement. Cela m€™a permis de rencontrer pas mal d€™artistes et d€™organisateurs d€™événements. C€™est commeàçà que j€™ai commencéà faire mon carnet de contacts et quand je me suis senti prêt, j€™ai relancé True Soldier.
True Soldiers redémarre, qu€™est-ce qui changeà ce moment-là ?
J€™ai complà¨tement changé l€™image de la marque parce qu€™avant j€™étais plus jeune et immature. Il y avait les armes dans le logo et pas mal de violence. J€™ai décidé de suivre les conseils de mon oncle qui me disait d€™arrêter avec la violence et surtout de voir les choses en grand. C€™est ce que je fais maintenant et depuis que je suis ses conseils, tout avance tranquillement. Il me disait de viser aussi haut que Nike,àça me paraissait impossible. Et je me disais « mais c€™est n€™importe quoi, je ne peux pas faireàça ». Et en fait, ce qui était n€™importe quoi c€™était de penser que je ne pouvais pas le faire. Le mieux c€™est de se savoir capable et puis de toute faire pour accomplir ses rêves et ses objectifs.
Et c€™est aussi le slogan que vous mettez en avant aujourd€™hui ?
Oui, le slogan est €œspread your wings, follow your dreams€. Cela signifie €œdéploie tes ailes et suit tes rêves€. Pour la premià¨re collection, j€™ai utilisé des tissus africains, je me disais que la culture hip hop est une grande source d€™inspiration pour ma marque et que c€™est un trà¨s grand melting pot. Mais les racines de cette culture c€™est quand même l€™Afrique donc j€™ai commencé avec une collection africaine. J€™ai aussi fait une collection avec du madras en hommageà ma grand-mà¨re qui malheureusement est décédée. Sinon, il y a des imprimés classiques avec le logo True Soldier et différents types de logos et bientôt il y en aura beaucoup plus. Pour l€™instant c€™est uniquement disponible sur truesoldiershop.com et je cherche des magasins ou des revendeurs onlines aussi.
Parlez-moi un petit peu de votre vieà Bristol. Qu€™est-ce que vous aimez bien ou moins bien ici ?
Ce que j€™aime est aussi ce que j€™aime le moins, c€™est le fait que les Anglais soient un peu relax mais justement trop relax parfois. Quand on a besoin de bosser et d€™accomplir des choses et que les gens ne sont pas trà¨s pressés ou pas trà¨s sérieux, c€™est un peu pénible . Maisàça rend la vie agréable. Il y a moins de pression. Même si l€™on doit faire des papiers auprà¨s du gouvernement, c€™est trà¨s rapide. Il y a un documentà remplir ou parfoisàça peut se faire sur internet en une seconde. Vraimentàça n€™a rienà avoir avec la France.
Et aujourd€™hui votre lien avec la Martinique, est-ce que vous revenez parfois ?
Non. En 6 ans j€™ai pu aller qu€™une fois en France puisque j€™étais trà¨s occupé. Au début de toutes faàçons je n€™avais pas les moyens, c€™était trà¨s dur les premià¨res années. Et maintenant je suis trà¨s pris par True Soldier et une autre entreprise que je suis en train de lancer en ce moment. Mais oui, j€™ai pour projet d€™aller en Martinique l€™année prochaine. Et en projet d€™avenir, j€™aimerai y vivre aussi, profiter du soleil et au lieu de faire tourner l€™économie anglaise, faire tourner l€™économie martiniquaise.
C€™est quelque chose qui vous tientà cÅ“ur ?
Je suis métisse mais je me suis toujours senti plus martiniquais que quoi que ce soit d€™autre, même si je brode quand je parle créole ! Etàça me tient vraimentà cÅ“ur parce que je pense qu€™il y a énormément d€™injustice encore aujourd€™hui entre la Martinique et la France hexagonale : les prix, combien les gens sont payés de l€™heure...il y a beaucoup de choses qui ne vont pas et que j€™aimerais pouvoir rectifier.
Quel message avez-vous envie de livrer à cette jeunesse de Martinique ?
Je dirais aux jeunes qu€™ils ne devraient jamais arrêter de croire en eux et quel que soit ce que les gens disent autour d€™eux, que s€™ils ont un rêve, une passion ou quelque chose qu€™ils ont envie d€™accomplir, qu€™ils y aillentà fond ! Je ne dirais pas tête baissée parce qu€™il faut regarder oùon va, mais il faut y aller, il ne faut jamais laisser tomber. Et même si les choses ne sont pas passées comme prévues, au moins on aura essayé plutôt que de rester là à se demander « et si j€™avais essayé » !
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