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Portrait | Nathalie de la Martiniqueà  Lima, Pérou

Moins répandu que les autres formes d€™expériencesà  l€™étranger, le service civique est une autre faàçon d€™acquérir des compétences dans un contexte international.

Il permetà  des jeunes de s€™engager temporairement dans une mission de solidarité.

C€™est ce que je vous propose de découvrirà  travers le témoignage de Nathalie, 26 ans, diplômée en commerce international et en ressources humaines, antillaiseà  Lima au Pérou partie avec un groupe de 9 autres jeunes  antillais depuis mars 2013.

Qu€™est-ce-qui t€™a incitéà  partir au Pérou aprà¨s ton parcours en Martinique ?

Aprà¨s un baccalauréat économique et social, un BTS en commerce international et une licence en ressources humaines, je n€™ai pas trouvé d€™emploi tout de suite. Quand j€™ai entendu parler de l€™association Les Francas et d€™une mission au Pérou de Marsà  Décembre 2013 j€™ai saisi cette opportunité. Je ne connaissais pas le service civique et le fait d€™aider les autres et découvrir d€™autres choses tout en voyant ses propres limites, c€™est une autre faàçon de travailler.

Comment fait-on pour participerà  une mission de service civique ?

Pour la mission du Pérou proposée par l€™association, j€™ai dà» effectuer plusieurs démarches :
  1. informer le pôle emploi de mon départ en service civique,

  2. constituer un dossier d€™aideà  l€™ADOM* ,

  3. faire une radio des poumons pour vérifier l€™absence de soucis respiratoires car plusieurs zones du Pérou sont situés en altitude,

  4. mettreà  jour des vaccins notamment celui de la fià¨vre jaune,

  5. suivre la formation mise en place par l€™association Les Francas. Le Conseil Régional de Martinique a aussi été sollicité pour une contribution financià¨re mais cela ne s€™est pas concrétisé finalement.

Comment se déroule le programme et de quelle faàçon est-il encadré ?

D€™abord c€™est assez novateur car les associations péruviennes ne cherchaient pas nécessairement de volontaires. La démarche a été initiée par Les Francas. De plus 9 autres Martiniquais sont partis avec moi et travaillent dans d€™autres associations. Cependant un seul d€™entre nous avait le BAFA*, la formation requise pour évoluer dans le domaine de l€™animation. Etant donné qu€™il s€™agit d€™un projet pilote, nous sommes encadrés et nous suivons 3 formations au long du programme qui visent aussià  vérifier que tout se passe bien. D'ailleurs les équipes d€™encadrement nous ont prévenu que nous aurons 2 chocs culturels, d€™oùune formationà  notre arrivée au Pérou puis une autre pour notre de réadaptation en Martinique !

Tu ne connaissais pas le Pérou avant ton arrivée, quelles ont été tes premià¨res impressions ?

Quand j€™ai vu l€™immensité de la villeà  l€™atterrissage, j€™ai eu un peu peur et j€™ai paniqué en me demandant oùj€™allais et qu€™est-ce-que je ferai ici pendant 9 mois (rires) ! Ensuiteàçà  a été car nous étions dans le quartier huppé de Miraflores pour la 1à¨re semaine d€™adaptation. Toutefois d€™autres choses restaient plutôt inhabituelles. Par exemple les chauffeurs de combi qui conduisent comme des fous ou le regard perplexe des habitants ! A vrai dire, il ne faut pas s€™étonner s€™ils vous regardent un peu comme des extraterrestres car apparemment un groupe de personnes noires qui se promà¨nentà  Miraflores c€™est peu commun. D€™ailleurs nous étions contents d€™en croiser d€™autres car c€™est plutôt rare (rires) ! Les débuts n€™étaient pourtant pas faciles età  mon arrivée dans la famille d€™accueilà  San Juan de Lurigancho, j€™étais choquée et déboussolée avecà  la fois des sentiments de peur, tristesse et colà¨re. J€™étais confrontéeà  des éléments inhabituels : des routes inachevées ou encore ma chambre en cours de construction...Aussi, mon binôme s€™est retrouvé dans la même famille d€™accueil car la sienne s€™était désistée au dernier moment. Je partageais la chambre d€™une fille de 13 ans pendant 1 mois donc je n€™avais pas d€™espace privé. De plus c€™était la premià¨re fois qu€™ils accueillaient des étrangers chez eux et la fillette avait tendanceà  surveiller mes faits et gestes et mes affaires ! Enfin, je n€™avais pas vraiment de vie privéePar contre cela a des bons côtés de vivre dans une famille d€™accueil au début. J€™ai pu acquérir davantage de vocabulaire en espagnol en discutant et cela facilite l€™intégration.

En quoi consiste ta missionà  Lima ?

Initialement je devais travailler avec des élà¨vesgés de 9à  13 ans autour de cours d€™origami et d€™arts plastiques. Finalement les enfants dont j€™ai la charge ont entre 3 et 5 ans. J€™ai commencé la mission aprà¨s une formation rapide pour connaître notre environnement de travail et nos tuteurs. L€™association Les Francas travaille en partenariat avec France volontaires qui met les participants du programme en relation avec d€™autres associations péruviennes. J€™ai été affectée au sein de l€™association Brigada de Voluntarios Bolivarianos del Perຠbaséeà  Lima dans le district de San Juan de Lurigancho. C€™est l€™un des plus grands districts de Lima et aussi l€™un des plus pauvres. L€™association existe depuis 20 ans et est aussi présente dans plusieurs zones de Lima et du Pérou. Elle travaille généralement avec des volontaires Allemands. Mon emploi du temps est scindé en 2 parties. De 9hà  11h j€™assiste une institutrice pour encadrer les enfants, mettre en place les activités et pour le suivi administratif (communiquer avec les parents via les cahiers et les carnets). Aprà¨s, je travaille en binôme avec un autre franàçais et je donne des cours d€™Anglais ou d€™Arts plastiquesà  un groupe d€™enfants de 11hà  12h selon l€™emploi du temps. Ici les écoles sont fermées l€™aprà¨s-midi. Cependant le mercredi je donne aussi des cours dans une autre école pendant 1h en fonction du nombre d€™enfants. Chaque fin de mois je reàçois une indemnisation versée par l€™ADOM et l€™état franàçais.

As-tu rencontré d€™autres Caribéens en dehors de ton groupe ? As-tu maintenant des amis péruviens ?

J€™ai rencontré des personnes que mon binôme a contactées sur le site de couchsurfing. Sinon je fréquente surtout les personnes de mon travail, les tuteurs, d€™autres volontaires de l€™association, notamment des Allemands et mes compatriotes Martiniquais qui sont dans les autres associations. J€™ai aussi visité le Parque de las Aguas avec l€™amie avec qui tu m€™avais mise en contact !

Trà¨s bien ! Sinon que dirais-tuà  propos des Péruviens ?

Les Péruviens sont trà¨s sympathiques, accueillants drôles et ont une forte culture de la négociation. Aussi, ils apprécient les bons platsà  toute heure. Ce qui m€™a aussi marqué, c€™est qu€™ils portent un regard plutôt admiratif sur certains types physiques tels que les blonds aux yeux bleus comme mon binôme. A l€™inverse ils sont assez perplexes faceà  des individus d€™un teint plus foncé comme moi-même. Ils n€™ont pas l€™habitude d€™être en contact avec des populations noires qui sont plutôt du côté de la région de Chincha d€™aprà¨s ce qui m€™a été expliqué. J€™ai aussi remarqué que beaucoup d€™hommes sont assez machistes et séducteurs. Enfin, il est commun d€™avoir une famille avec beaucoup d€™enfants. Cependant un Péruvien m€™a expliqué que si l€™on veut vraiment connaître ce pays il faut sortir de Lima qui est plutôt « nord-américanisée » et qui ne reflà¨te pas le Pérou. C€™est vrai qu€™en dehors de la capitale les gens sont plus sympathiques et spontanés. En dehors deàçà , la ville n€™est pas particulià¨rement dangereuse. Il y a eu des affrontements par rapportà  une guerre de gangs dans le quartier de la famille d€™accueil ou j€™étais, mais cela reste anecdotique. Ce qui pourrait me faire peur serait plutôt le fait de me retrouver dans un lieu que je ne connais pas et sans savoir comment rentrer chez moi, étant donné la taille de la ville.

Quels ont été tes meilleurs ou tes pires souvenirs ?

Comme souvenir vraiment superbe, je citerai la fresque murale multiculturelle que j€™ai réalisée avec les enfants de l€™école et aussi la découverte du Macchu Picchu, trà¨s impressionnant. A l€™inverse, j€™étais beaucoup moins enjouée le jour oùla mà¨re de ma famille d€™accueil nous a demandé de venir l€™aiderà  tuer une volaille.

Si c€™étaità  refaire que changerais-tu ?

Peut-être que j€™aurais aimé avoir un binôme fille,àçà  aurait été plus simple. J€™aurais aussi aiméêtre mieux informée sur les lieux des missions et avoir des démarches administratives moins lourdes : il y avait des retards dans le paiement des indemnisations, pour les billets d€™avion, la définition de la mission et des tuteurs. Enfin, j€™aurais osé davantage et je me serais posé moins de questions. Mais malgré les hauts et les bas je suis trà¨s contente d€™être ici !

Quel bilan tires-tu de cette mission ?

Ce voyage est trà¨s formateur, il permet de se rendre compte de ses capacités, d€™avoir plus confiance en soi et de relativiser. On se dit qu€™on a quand même de la chance de vivre dans notre environnement habituel lorsqu€™on les compare avec les conditions de vie de certains habitants ici. Entre autre, j€™ai découvert d€™autres capacités que j€™avais et aujourd€™hui j€™envisage mon projet professionnel avec plus de certitudes sur ce que je souhaite faireà  mon retour en Martinique. Par ailleurs, je suis plutôt fià¨re de moi et de mon niveau en espagnol car j€™arrive trà¨s bienà  comprendre età  me faire comprendre.

Quels seraient tes conseils pour ceux qui veulent partir en service civique ?

Il faut avoir de la patience car ce n€™est pas évident.àŠtre motivé, ne pas se laisser décourager même si c€™est dur, persévérer. Avoir le cÅ“ur bien accroché parce que l€™environnement est vraiment différent : quartier pauvres et difficiles oùvousêtes considéré comme une personne qui a un niveau de vie plus élevé. Il fautêtre capable de s'adapterà  une autre culture. Allez-y parce que c'est ce que vous voulez faire, non pas seulement parce que vous pensez fuir votre quotidien. * ADOM : Agence de l€™Outre-mer pour la Mobilité. * BAFA : Brevet d€™Aptitudes aux Fonctions d€™Animateur. Rédaction : Doris Nol pour Caribexpat.com

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