JAMAIQUE | Marie-Noà«lle, martiniquaise en Jamaà¯que, réalise actuellement son stage au sein de la Délégation de l'Union européenneà Kingston. Aprà¨s Sciences Po Bordeaux, là voilà plongée dans un tout autre environnement. C€™est depuis Kingston qu€™elle vous parle de son quotidien. Postez vos questions et commentaires en fin d€™article pour poursuivre la discussion avec elle et géolocalisez-vous sur Caribexpat !
Qu€™est-ce-qui t€™a incitéeà poser ta valise en Jamaà¯que ?
J'ai quitté la Martinique en 2011 lorsque j'ai réussi le concours d'entrée dans la filià¨re "France-Caraibes" de Sciences Po Bordeaux. Il s'agit d'un partenariat entre Sciences Po Bordeaux, l'Université des Antilles (U.A) et University of West Indies (U.W.I) en Jamaà¯que. Le programme s€™étale sur 5 ans et j€™étudie alternativement dans les universités partenaires : une année sur deux se passeà Sciences Po Bordeaux et l'autreà l€™U.A ou l€™U.W.I. J€™ai d€™abord étudié en Jamaà¯que pendant un an puis j€™ai choisi d€™y faire mon stage de fin de cursus.
Quel est le rôle de la Délégation de l€™Union européenne en Jamaà¯que et en quoi consiste tes missions ?
L'Union européenne a des délégations partout dans le monde, un peu comme un pays et ses ambassades. Dans les pays en développement ou en crise, les délégations assurent aussi la mise en place des fonds d€™aides européens en partenariat avec les gouvernements. Je débute tout juste mon stage de 6 mois. Mes missions consistent principalementà analyser et évaluer les politiques étrangà¨res des pays dont la délégation est responsable, mais aussi du CARICOM. Il s€™agit de comprendre le présent pour établir des scenariis et surtout les futures stratégies d'approche de la délégation.
En tant que martiniquaise en Jamaà¯que, peux-tu vraiment parler de différences profondes ?
Oui ! Tout d€™abord, lorsque l€™on vit dans la Caraà¯be, on ne pense pas que le climat d€™un pays voisin pourraitêtre plus chaud. Pourtant oui, c€™est ce que j€™ai ressenti ! La premià¨re chose que je me suis dite en arrivant ici c€™est ; €œJ€™ai chaud !€. Ensuite, les administrations jamaicaà¯nes sont pires que les nôtres en terme d€™accueil et d€™efficacité (rires) ! Par contre ici les gens travaillent le jour de la fête du travail et profitent pour repeindre ou faire des réparations dans les quartiers. Enfin, lorsque l€™on achà¨teà manger, il faut systématiquement attendre l€™appel du numéro de son reàçu même si la nourriture est déjà prête et visible dans la vitrine ! Cela prend toujours du temps, pour une raison obscure.
La Jamaà¯que évoquent beaucoup d€™idées reàçues pour certains. Qu€™en est-il vraiment ?
Contrairement aux clichés que l'on peut avoir, tous les Jamaà¯cains ne fument pas. Toutes les Jamaà¯caines ne se promà¨nent pas non plus dans la rueà moitié nues, bien au contraire. L€™insécurité, quand il y en a, se concentre dans des endroits spécifiques. Il faut juste éviter certains quartiers comme partout.
Lorsque l€™on te dit €œWat a gwaan ?€, qu€™est-que-tu réponds ?
€¨Je réponds €œMi deh ya ! " ou "Big tings ah gwaan !". C€™est vrai que l€™on parle l€™anglais et surtout le patois partout ici (rires). Pour moi, c€™est une lutte quotidienne. Il faut écouter et comprendre les mécanismes qui me semblent assez différents de l'anglais. J'aime la faàçon dont les gens t€™expliquent des directions : "suh" (pour €œso€ en anglais), up deh suh (€œen haut/là -bas€ en franàçais), down deh suh (€œen bas/là -bas€ en franàçais), ya suh (€œici€ en franàçais) !
Dans tes valises, qu€™aimerais-tu rapporter de la Jamaà¯que en Martinique ?
€¨Ici on trouve des vendeurs de fruits partout dans la rue et les gens achà¨tent leur eau de coco avant d'aller au bureau. Je trouveàçà plutôt sympa !
As-tu croisé d€™autres martiniquais en Jamaà¯que ?
Je n'ai pas encore vraiment rencontré la communauté antillo-guyanaise ici. Par contre, ce qui me manque vraiment de la Martinique c€™est plutôt la plageà moins d'1h de route ! Les Jamaà¯cains sont trà¨s fiers de leur culture et des leurs. La diaspora jamaà¯caine est présente un peu partout (Grande-Bretagne, USA, Canada, Caraà¯be, etc...). Les réseaux entre les membres de la diaspora et les Jamaà¯cains restés sur l'île sont trà¨s forts. C'est quelque chose qui nous manque parfois.
Comment tes collà¨gues et amis en Jamaà¯que peràçoivent-ils la Martinique ?
Une bonne partie d€™entre eux confond la Martinique avec St-Martin et une autre bonne partie s'exclame "Oh the French colony !". Cela engendre généralement de trà¨s longues explications de ma part (rires) !
Oùt€™imagines-tu dans quelques années ?
Idéalement, j'aimerais rester dans la Caraà¯be anglophone et obtenir un poste de chargée de projet/programme au sein d'une organisation de coopération régionale. Je pense revenir éventuellement en Martiniqueà plus long terme car je n'ai pas encore trouvé la structure avec laquelle j'aimerais travailler.
Plus d€™infos :
Retrouver d'autres Caraibexpats dans la Caraà¯be : République Dominicaine, Trinidad, Antilles franàçaises Rédaction : Doris Nol pour Caribexpat.com
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