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Quitter l'étranger pourêtre entrepreneure en Martinique : l'aventure de Leslie

àŠtre entrepreneure en Martinique : c'est ainsi que Leslie a choisi de concrétiser son retour au pays en Martinique.  Sa carrià¨re de basketteuse l'a fait voyager dans l'Hexagone, l'Espagne et même auxà‰tats-Unis ! Finalement, l'envie de retour au pays en Martinique fut si forte que Leslie décida de monter son projet d'entrepreneuriat : une agence évà¨nementielle sportive. Leslie nous parle de son parcours d' entrepreneure en Martinique dans notre Caribexpat Live spécial "Rentrer en Martinique pourêtre entrepreneure"

Caribexpat vous aide égalementà  tout planifier pour votre déménagement vers les Antilles franàçaises, la France hexagonale ouà  l'international grceà  nos experts qui vous accompagnent sur place !

Pour commencer, parle-nous de ton parcours !


Les rebondissements d'une carrià¨re de basketteuse

Je suis une ancienne basketteuse professionnelle. Mon parcours a été trà¨s influencé par mes choix de carrià¨re sportive. Je suis partie de Martiniqueà  l'ge de 16 ans pour l'Hexagone jusqu'à  l'obtention mon bac sciences économiques et sociales. Aprà¨s, je suis partie auxà‰tats-Unis,à  côté de New York dans le New Jersey. J'avais eu une bourse pour le basket. J'ai fait quatre ans là -bas et j'ai eu mon diplôme en sports management. Je suis revenue en France hexagonale et j'y ai joué un an. Je me suis blessée. C'était déjà  ma deuxià¨me blessure au genou. Je me suis dit : "Tu te fais opérer, tu fais ta rééducation en Espagne,àça ne va pas durer longtemps. Et puis aprà¨s, tu rentreras et tu passerasà  autre chose.". J e suis restée quatre ans en Espagne. Aprà¨s, je me suis dit : "Bon, tu ne pourras pas continuerà  jouer au basket toute ta vie : il faut penserà  la reconversion."

Pionnià¨re dans son domaine

Je suis rentrée en France hexagonale et j'ai continué de jouer encore pendant six ans. Quelque chose qui ne devait pas forcément durer longtemps a quand même duré 20 ans ! Ce n'était pas le plan initial. Quand je me suis lancée dans le basket, il n'y avait pas les réseaux sociaux, ni toute l'information qu'on peut avoir aujourd'hui. J'ai été pionnià¨re dans mon domaine. Il n'y avait pas encore les pôles espoirs, ils ont été créés aprà¨s mon départ. Je suis un €œdinosaure€.

Un palmarà¨s qui ouvre des portes

Il y a eu de belles réussites au niveau des championnats, en Guyane. J'ai eu l'opportunité d'être dans de bons clubs et centres de formation. J'ai été double championne de France en espoirs, championne de France professionnelle et championne d'Euroligue. J'ai eu la chance de participerà  huit Coupes d'Europe. Auxà‰tats-Unis, c'était vraiment le basketà  l'américaine. Je n'ai pas eu de regrets. J'ai vraiment pu voyager par rapport au basket. On ne croirait pas, mais le basket ce n'est pas juste du sport :àça ouvre des portes et j'en ai profité.

Quelle a été ta stratégie pour concrétiser ton retour au pays etêtre entrepreneure en Martinique ?

D'abord, la stratégie,àça a été déjà  de trouver un projet. Parce que quand tu as couru 20 ans aprà¨s un ballon, c'est dur de se projeter. Je savais juste que je voulais rentrer en Martinique parce que vingt ansà  voyager, c'est bien mais on a envie de rentrer chez soi, se poser, retrouver les siens, sa famille. J'ai fait un bilan de compétences et une validation d'études supérieures. J'ai aussi passé un diplôme d'espagnol, étant trilingue. Je me suis faite accompagner par les bonnes personnes pour pouvoir préparer mon retour. Cette phase de reconversion, je l'ai faite en France. Je suis retournée sur les bancs de l'école et j'ai passé un diplôme dans le tourisme. Initialement, mon projet, c'était de créer une agence de voyages réceptive sportive pour accueillir des équipes, qu'elles soient professionnelles ou amatrices aux Antilles-Guyane, pour leur proposer des séjours sportifs. J'avais également fait une veille du marché pour voir ce qui existait ou pas. Quand je suis rentrée, je me suis rapprochée de certaines agences de voyages, de réseaux d'entreprises pour voir comment elles pourraient m'aiderà  faire mà»rir mon projet. J'avais aussi candidatéà  un appelà  projet €œmigration retour au pays€ de la Région Martiniqueà  l'époque, . J'avais obtenu une petite subvention.

Comment s'est passé ton retour au pays en Martinique ?

Quand je suis arrivée j'avais une idée en tête. Finalement, ce n'est plus du tout ce que je fais.  Pour moi,àça a été le gros choc culturel. Je suis toujours rentrée chaque année, deux mois pour les vacances. J'ai toujours passé du temps avec ma famille et mes amis. Mais rentrer en vacances et rentrer pour s'installer et pour travailler, ce n'est pas du tout la même chose. Mon mode de fonctionnement n'était pas celui des gens de mon nouvel environnement. Ma faàçon de penser, de percevoir les choses et les prestations que je voulais apporterà  mon nouveau marché... J 'ai dà» vraiment tout remettre en question. J'ai dà» mettre deux ansà  bien trouver ma place. Je suis rentrée chez mes parents, alors queàça faisait 20 ans que j'étais indépendante. C'était la meilleure des choses qui pouvait m'arriver parce que j'étais nourrie, logée, blanchie : je n'avais pas de soucià  ce niveau-là . Mes parents m'ont toujours dit : "garde ton argent pour ton projet, ne t'inquià¨te pas ". Mais moi j'étais en dépression. Je voulaisêtre toute seule chez moi parce que c'est ce que j'avais vécu pendant 20 ans.à€ partir du moment oùj'ai pu partir,  c'était bien, peut-être moins bien financià¨rement mais j'étais déjà  plus épanouie etàça c'est super important. Aprà¨s, il y a pas mal de choses qui font que l'on a une idée assez préconàçue. On se dit €œc'est chez moi, je sais commentàça fonctionne€. On peut se préparer mais tant qu'on n'est pas sur place, c'est comme quand on lit des choses dans les livres ou qu'on va demanderà  des gens qui vont nous parler de leur expérience. Tant qu'on ne le vit pas, on ne peut pas comprendre. 

Quelle aide t'apporte la Technopole Martinique en tant qu' entrepreneure en Martinique ?

La Technopole Martinique est une pépinià¨re d'entreprises innovantes. Tous les profils sont différents mais moi, j'avais besoin d'accompagnement. J'avais plein d'idées mais j'avais besoin d'un cadre sécurisant qui me permette de m'épanouir. Je me suis rapprochée de la Technopole Martinique car c'était vraiment le dispositif qui me paraissait le plus pertinent. Ils m'ont permis de mà»rir mon projet parce qu'en fait, ils proposent tout un tas de prestations qui couvrent les différentes phases du projet. Il y a différents niveaux de tarifs en fonction des services. En incubateur, j'avais choisi d'être là  cinq jours par semaine de 8 heuresà  17 heures.Çà a me revenaità  moins de 60 euros par mois,à  l'époque. Les prestations d'accompagnement couvrent la conception. J'y suis rentrée, je ne m'étais pas encore immatriculée. Ils m'ont permis de travailler sur cette phase là  : la faisabilité du projet, son développement, l'ajustement de l'offre...  Je suis arrivée chez eux en 2016 et j'y suis toujours. Je leur dis souvent que s'il faut, je créerai de nouveaux concepts et de nouvelles entreprises parce que moi, je veux y rester ! Mais au delà  des prestations d'accompagnement, ils proposent des locaux et des prestations de servicesà  des tarifs adaptés.  Il y a aussi des animations. Tous les mois, il y a des ateliers. Comme Béatrice le dit, le monde de l'entreprise,  c'est tout un tas d'aspectsà  maîtriser pour pouvoir performer. Et puis, il y a cette solitude.. Le btiment est sur quatre étages. Je sais que je peux taper au quatrià¨me, au deuxià¨me ou au troisià¨me et discuter avec d'autres personnes du monde de l'entreprise (pas forcément dans mon domaine) au détour d'un café ou d'une photocopieuse on peut parler de différents problà¨mes en tant qu' entrepreneure en Martinique. On se sent moins seul.

As-tu des contacts avec d'autres sportif·ve·s qui ont fait ce retour au pays en Martinique comme toi ? 

Aujourd'hui, je suis un peu une référence pour certains sportifs qui me contactent, justement pour avoir mon retour d' entrepreneure en Martinique et mon avis sur ce qu'ils devraient faire. Aprà¨s, les retours que j'avais de ceux qui étaient rentrés, ce n'était pas forcément trà¨s encourageants et certains m'avaient dit : €œPourquoi tu rentres en Martinique en fait ?€.

Parle-nous de ton projet d' entrepreneure en Martinique : Sports'Indies.

Sports' Indies, initialement, c'était censéêtre une agence de voyages réceptive. Finalement, j'ai vu que c'était compliqué pour moi de penser m'installer sur la place. Il y avait déjà  de grosses agences de voyages, qui ne faisaient pas forcément ce que je voulais faire, mais certaines m'ont dit clairement : €œsi vous voulez, vous pouvez travailler pour nous€. Là , je me suis dit : €œNon, quand même pas. Je vais garder mon carnet d'adresses pour moi.€ J'avais quand même envie de faire des chosesà  ma sauce, comme je le peràçois, avec ma sensibilité d' entrepreneure en Martinique. Du coup, j'ai repensé mon projet. C'est là  que je me suis rapprochée de Technopole Martinique, pépinià¨re d'entreprises innovantes. Finalement, l'agence de voyage est devenue une agence d'évà¨nementiel sportive.
Les pôles d'activité
  1. Les stages : on reste un petit peu sur l'idée de départ c'est-à -dire toute la gestion logistique pour les équipes qui veulent venir sur nos territoires pour faire des mises au vert, des stages sportifs...

  2. Pour les entreprises : des séminaires avec des conférenciers sportifs, du team building ;

  3. L'évà¨nementiel : pas forcément de l'événementiel sportif festif, mais plutôt tout ce qui està  responsabilité sociétale, inclusion sociale... Je me sers vraiment du sport pour transmettre des messages et montrer que c'est plus que le sport. C'est vraiment un outil qui nous permet de faire du bienà  notre société. Pour rebondir sur cette idée de responsabilité sociétale, j'avais envie de créer un projet qui permette de recréer du lien avec la population. En tant que sportive, j'ai eu accà¨sà  pas mal de choses. En revenant ici, je vois que l'on n'est pas tous au même niveau, on n'a pas accà¨s aux mêmes choses. Nos jeunes voient des grands sportifsà  la télé, sur internet mais ils ne les voient pas en vrai. En tant qu' entrepreneure en Martinique, j'avais vraiment envie de faire venir des champions chez nous pour créer du lienà  travers différents types d'action : initiations, conférences, matches de gala etc.

Et les Martinique Summer Games ?

Depuis 2018, j'ai lancé les Martinique Summer Games. C'est un événement qui rassemble un plateau de champions et vaà  la rencontre de la population chaque année, fin juin. Nous permettonsà  plein de personnes de rencontrer des champions, d'entendre leur histoire, leur parcours au delà  des médailles, qui sont ces champions et ce qu'ils conseillent. On a des jeunes, des personnesgées... Cette année, on va mettre l'accent sur les personnes en situation de handicap afin qu'elles se sentent un peu plus incluses dans cette société. C'est un projet qui me tient vraimentà  coeur en tant qu' entrepreneure en Martinique. Il est en train de prendre une dimension que je n'avais pas peràçue au début. C'est vrai que j'aspiraisà  de grandes choses pour le projet, mais je pense que d'ici pas trà¨s longtemps, on verra des Summer Games en dehors de la Martinique, et même en dehors de la Caraà¯be.

Quelles sont les difficultés rencontrées par une entrepreneure en Martinique, par rapportà  un entrepreneur ?  


Le syndrome de l'imposteur

On rencontre pas mal de difficultés. Maintenant, je ne vais pas forcément me concentrer sur les facteurs externes. Je pense déjà  que nous, en tant que femmes, nous avons ce syndrome de l'imposteur, <tendance=">tendance" psychologiqueà ="psychologiqueà " la="la" peur="peur" età ="età " remise="remise" en="en" question="question</a>">, j'en parle souvent en tant qu' entrepreneure en Martinique. En tant que sportive, on l'a encore plus parce qu'on nous pousseà  aller toujours plus loin,à  chercher la partie perfectionniste. On se remet toujours en question. On veut toujours que ce soit parfait alors qu'on sait trà¨s bien que la perfection n'existe pas mais voilà , on a peur de ne pasêtreà  la hauteur. J'étais pendant 20 ans sur un terrain de basket. Tu me mets sur un terrain de basket maintenant pour faire une démonstration ou parler de ce que je connais, il n' y a pas de soucis. Mais là , j'arrive dans un domaine que je ne connais pas, j'ai plein de projets, j'ai plein d'idées, je ne suis pas forcément cadrée initialement. Il y a ce côté "saut dans le vide" : €œest-ce-que je vais réussir ?€, €œest-ce-queàça va passer ?€. Le doute, toujours la petite voix€¦mais il faut se lancer. De toute faàçonàça ne sera pas parfait.

La postureà  adopter en tant qu' entrepreneure en Martinique

Souvent quand on arrive, il faut avoir cette posture, en tant que femme, d'assurance, de savoir qu'on maîtrise. Dans notre société qui est trà¨s patriarcale, je me suis déjà  trouvée faceà  des clients qui répondaientà  mon collaborateur lorsque j'envoyais des mails. J'ai respiré, j'ai tourné ma langue dans ma bouche, j'ai continuéà  envoyer des mails, j'ai appelé... On se remet en question. Au final, àça reste le client. Il faut mettre les points sur les i de faàçon diplomatique, en faisant descendre la pression, ne pas €œrentrer dedans€. Quand je suis arrivée en Martinique, j'avais cette envie, comme plein d'entrepreneurs, de faire bouger les choses, faire avancer le pays. On va faire ci, on va faireàça, on a vu ci, on a vuàça,àça va marcher...Non ce n'est pas commeàça. Il faut déjà  analyser son environnement, prendre l'attache de personnes ressources qui vont pouvoir vous accompagner et vous donner l'information, comme ce que fait Béatrice avec les Premià¨res de Martinique.

En tant qu' entrepreneure en Martinique, es-tu aidée par les collectivités publiques ? 

Pour les projets comme les Martinique Summer Games, nous sommes obligés d'aller solliciter les collectivités. Mais il ne faut pas non plus prendre les choses pour acquises. Donc oui, les collectivités aident. Maintenant, même siàça a marché une fois, il fautêtre irréprochable et montrer qu'on maîtrise son sujet. Même quand on l'a montré une fois, il faut le montrer deux fois, trois fois et toujours continuerà  prouver en fait. Ensuite, les gens commencentà  se dire : €œElle est toujours là . C'est qu'elle elle doit avoir une certaine validité, une certaine crédibilit逝. Ce n'est pas juste faire un one shot. C'est vraiment sur la durée. Oui, il peut y avoir des échecs. Il faut savoir rebondir là -dessus et montrer qu'un échec,àça reste un échec et qu'on continue d'avancer. La collectivité aide mais si le projet ne prenait pas plus d'ampleur, je pense qu'au bout d'un moment, les gens se lasseraient. Il faut savoir se réinventer. On parle souvent de fanm djà²k. C'estàça en fait. Il faut toujours montrer qu'on a des compétences, un réseau autour de nous qui nous accompagne, qui nous fait confiance. C'est commeàça qu'on monte en visibilité.à€ partir de ce moment là , on devient incontournable et les gens vont nous prendre au sérieux.

T'arrive-t-il d'organiser des événements sportifs pour transmettre les valeurs du sport d'équipe aux jeunes ? 

C'est vraiment l'idée des Martinique Summer Games. D'ailleurs,à  ce niveau là , on organise une causerie. L'idée, c'est que les parents et les jeunes puissent venir pour discuter avec les sportifs, pour qu'ils parlent de leur parcours et qu'ils puissent poser des questions. Il n'y a pas d'ge. C e qui avait marqué les sportifs, c'est qu'on avait eu une gymnaste de 9 ans qui avait son petit cahier et qui avait posé des questions trà¨s pertinentes. Les adultes étaient juste en train de se regarder en disant : €œQui répond quoià  cette question là  ?€.Les enfants ont de vraies questions et ils parlent sans langue de bois. C'est trà¨s important parce qu'on sait trà¨s bien aujourd'hui que quand un parent, un coach ou un professeur va dire des choses,àça passe un petit peu au dessus de leur tête. Là , c'est un champion,àça marque un petit peu plus les esprits. Donc c'est aussi pouràça que je fais cet événement.

Et vous ? Prêt·e·sà  libérer votre potentiel pour votre retour au pays en Martinique ? Partagez votre avis en commentaire !

Revoir le Caribexpat Live Spécial "Rentrer en Martinique pourêtre entrepreneure" https://www.youtube.com/watch?v=q1f0YQsrwxU&t=92s Plus d'infos sur les intervenantes de ce Caribexpat Live :

  1. Sports' Indies, l'agence évà¨nementielle sportive créée par Leslie

  2. La page Facebook des Outremer Summer Games

  3. Technopole Martinique, structure pour l'entreprenariat en Martinique

  4. Les Premià¨res Martinique, l'incubateur présidé par Béatrice Pélage-Valà¨re

  5. Le club Soroptimist Les Flamboyants Côte Caraà¯be créé par Béatrice Pélage-Valà¨re Crédit photo :

  6. Photo de couverture : Facebook €“ Sports'Indies Rédaction : Candice Hill œ¨

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