Le retour au pays en Guadeloupe...mais en faisant la navette avec d'autres destinations. C'est le mode de vie qui s'imposeà certains dont le secteur d'activité est peu développé sur l'archipel et qui souhaitent malgré tout vivre en Guadeloupe avec leurs proches. Cédric est un passionné de la mer. Ses ambitions l'ont fait naviguer du lycée de Baimbridge en Guadeloupeà Saint-Malo en passant par Nantes, Nice et même le Qatar. Aujourd'hui, Cédric fait régulià¨rement la navette entre la Guadeloupe pour raisons familiales et la France hexagonale et d'autres destinations, pour des raisons professionnelles. Dans notre Caribexpat Live spécial "Retour aux Antilles : quels défis quels enseignements ?", il nous raconte son parcours.
Caribexpat vous aide égalementà tout planifier pour votre déménagement vers les Antilles franàçaises, la France hexagonale ouà l€™international grceà nos experts qui vous accompagnent sur place !
Parle-nous de ton parcours !
Mon métier est avant tout une passion que je nourris depuis que je suis petit. Trà¨s jeune, je voulais travailler en relation trà¨s étroite avec la mer ou quelque chose qui s'y rattachait. C'est naturellement que j'ai commencé la mécanique bateau au lycée de Baimbridge. Ensuite, je suis partià Basse-Terre, puis deux ansà Nantes et un anà Saint-Malo. De retourà Nantes, j'avais mes diplômes en poche aprà¨s une petite expérience dans le yachting. L'expérience sur les porte-conteneurs était difficileà obtenir car c€™est un secteur bouché avec trà¨s peu de place. Je voulais essayer quelque chose de différent sachant que je connaissais le transport de passagers, notamment avec les navettes maritimes que nous avons aux Antilles.
En 2009, j'ai noué des contactsà Cannes. En 2011, je reàçois un coup de fil d'un capitaine qui recherche un chef mécanicien au Qatar. J'y ai vécu 2 ans au et j'ai passé de trà¨s bons moments là -bas. J'ai eu la chance de rencontrer beaucoup de nationalités différentes, mais pas d€™antillais, malheureusement. La grosse saison du yatching sur la Côte d'Azur va d'avril jusqu'à octobre. C'est la période oùje suis sur les bateau. J'ai aussi eu une expérience quantà la construction d'un nouveau yacht en Italie. J'ai eu la chance d'être sélectionné par le propriétaire pour suivre la construction de son bateau. C'était une expérience trà¨s enrichissante.
Quel a été l'élément déclencheur pour ton retour au pays en Guadeloupe ?
J'ai eu la chance de grandir avec ma grand-mà¨re. Ma fille est néeà Nice oùnous avons vécu pendant quelques années avec ma compagne. Nous ne voulions pas qu'elle voit ses grands-parents une seule fois par an ou tous les 2 ans. Nous voulions qu'elle ait cette connexion que nous avons eu avec la famille. C'était un choix purement familial avant tout. Nous voulions renouer avec la Guadeloupe et sortir du train-train quotidien. Le déclic, nous l'avons eu quand nous sommes rentrés en Guadeloupe en décembre 2018 pour les fêtes de fin d'année. Il y avait tous les cousins réunis :àça a été l'élément déclencheur.
Comment t'es-tu préparé pour ton retour au pays en Guadeloupe ?
Ma femme et ma fille sont rentrées avant moi car je travaillais toujours. Je naviguais encore en Méditerranéeà ce moment-là . Je les appelais régulià¨rement par appel vidéo. Elles sont rentrées en juin 2019 et moi, en octobre. Ma fille était habituéeà me voir partir naviguer. Mais depuis que nous sommes rentrés en Guadeloupe, elle commenceà me faire des réflexions quand je pars naviguer.
Comment se sont passés tes premiers mois de retour au pays en Guadeloupe ?
Çà a fait du bien de rentrer. J'ai toujours ce même émerveillement quand j'atterris en Guadeloupe. J'ai cette impression de rentrerà la maison. C'est une belle sensation que je revisà chaque fois. Il y a cette phase lune de miel oùon a envie de tout voir : on a envie de se reconnecter avec absolument tout.
Je suis un inconditionnel de la mer. Il ne faut pas que j'en sois trop loin. Je ne suis pas toujours compris parce que je pars trà¨s loin trà¨s longtemps, et quand je reviens je veux encore naviguer. Naviguer chez soi pour le plaisir, ce n'est pas du tout comme naviguer pour le travail. Par exemple, l€™ilet Caret et l€™ilet Fortune sont deux endroits que j'aime beaucoup et qui sont trà¨s reposants.
J'ai toujours couru le carnaval. C'est l'une des choses que j'avais le plus hte de retrouver. Le carnaval au-delà de l'aspect festif, c'est le côté culturel surtout.
Qu€™est-ce-qui t€™a motivéà repartir de la Guadeloupe pour Nice, puis faire la navette entre les deux ?
Le secteur du yachting n'est pas suffisamment développé en Guadeloupe pour que je reste icià plein-temps. Je pourrais naviguer mais pas faire du yachting. C'est ce qui m€™obligeà faire l'aller-retour entre chez moi, la Guadeloupe oùj'ai mes racines et mes amis, et la Méditerranée ou ailleurs, oùil y a une activité de yachting. Je suis tiraillé entre deux eaux. Pour l'instant je n'ai pas d'autres alternatives que de faire des allers-retours. Si je pouvais, je resterais bien volontiers en Guadeloupe. Je repars malgré moi.
Je savais, avant de partir, que j'étais dans un secteur non développé en Guadeloupe. Mais nous avons préféré privilégier le confort de vie par rapportà la vie professionnelle. J'aurai pu naviguer en Guadeloupe, par exempleà l€™Express desîles ou chez Brudey. Le yachting, c'est quelque chose de vraimentà part. J'ai vraiment accroché dà¨s que j€™ai mis mon premier pied sur un yacht. J'ai beaucoup aimé. On dit toujours que c'est trà¨s difficile d'y rentrer et trà¨s difficile d'en sortir. J'ai du malà me séparer de ce milieu-là .
Tu as fait ton retour au pays en Guadeloupe et depuis, tu fais la navette. Quels enseignements en tires-tu ? Si c€™étaità refaire, aurais-tu fait exactement pareil ?
J'aurais fait la même chose mais différemment au niveau des études. A un moment, j'ai voulu arrêter parce que les brevets de navigation que j'avais me permettaient de travailler et de bien gagner ma vie. Avant de partir au Qatar, j'ai dit €œstop€ et que je reprendrai aprà¨s. Je pense que là , c'était une erreur car j'aurais peut-être dà» continuer. Ensuite, j'aimerais apporter ma pierreà l'édifice et développer le yachting aux Antilles franàçaises. C'est un projet que j'essaie de développer petità petit avec plusieurs acteurs du yachting de la Côte d'Azur que je connais. Mais quand j'en discute avec eux, je leur dis "A ttention ! Soyez humbles !" parce qu'on a affaireà une population trà¨s fià¨re. J'explique que je serais ravi de leur faire découvrir des restaurants que j'apprécie particulià¨rement même si ceux-ci ne sont pas étoilés au Michelin. Nous avons de trà¨s bons chefs de cuisine, nous avons une culture... Il y a beaucoup de chosesà faire et je mets l'accent là -dessus.
Au Qatar, est-ce-qu€™ils connaissent bien les Antilles ?
Certaines personnes, oui. Au Qatar, ils connaissent surtout les Antilles mais plutôt Saint-Barth ou Sainte-Lucie, beaucoup d'îles anglaises, mais moins la Guadeloupe et la Martinique.
Ne manquez pas la prochaine escale ! Cliquez ici pour rejoindre le Caribexpat Live ! Nous répondonsà vos questions sur toutes les destinations en direct !
Le contexte actuel (grà¨ves, coà»t de la vie, chlordécone€¦) ne te donne-t-il pas envie de partir ?
Oui, pour certaines choses. Mais aprà¨s, il y a des problà¨mes partout. En terme de coà»t de la vie, nous vivionsà Nice sur la Côte d'Azur. C'est un peu la même chose par rapport au coà»t de la vie en Guadeloupe, même si les produits laitiers sont moins chers. Ensuite la ligne de train qui relie la frontià¨re italienneà Marseille, c€™est la pire ligne SNCF. L'autoroute que je prenais était toujours engorgée. Nous n'avons pas été confrontés aux écoles fermées et au chlordécone mais il y avait d'autres difficultés.
Pour susciter des vocations chez les jeunes, pourquoi ne pas intervenir dans les écoles ?
Je le fais quand je peux. Quand je revois mes anciens professeurs, ils me demandent souvent siàça m'intéresse de venir échanger avec les jeunes. En effet, certains se désintéressent de la mer alors qu'on vit sur un archipel, on est entouré d'eau. Je trouveàça dommage donc j'essaie de leur en parler, de leur donner envie de se tourner vers ce métier-là et vers la mer d'une manià¨re générale.
As-tu penséà développer le yachting en Martinique ou en Guadeloupe età être acteur du développement de l'activité ?
Je nourris des projets. J'en parle beaucoup avec les équipages que je connais qui sont de passage en Martinique et qui me demandent si je suis sur place. Parfois quand les bateaux sont là pour quelques jours et les propriétaires sont partis, ils me demandent oùest-ce-qu€™ils peuvent sortir, allerà la plage etc... Il faut inciter les propriétaires de yachtsà venir, parce qu'ils ne connaissent pas forcément. Mon propriétaire m€™a dit la dernià¨re fois €œC€™est vrai que quand on va aux Antilles, on ne descend pas plus au sud que St Barth. On ne sait pas ce qu€™il y a aprà¨s.". Les navires partent de St-Barth et ils passent la Guadeloupe et la Martinique pour se rendreà Sainte-Lucie. C€™est une mentalitéà changer. Il y a eu des discussions avec des personnes haut placées pour créer des événements.Çà a n'a pas abouti. J€™essaie,à ma petite échelle, de parlerà des propriétaires de yachts avec qui je m€™entends bien pour leur dire de venir dans nosîles.
Comentários